C'EST PARTI!

Toulouse, veille de depart

eurolines

Apres m'etre rendu au travail pour la derniere fois le 21 decembre, je suis soigneusement occupe a vider mon appartement toulousain, faire la tournee de mes proches et boucler mes preparatifs de voyage. Collegues, amis et parents m'encouragent tous chaleureusement puisqu'ils souhaitent naturellement me voir deguerpir au plus vite. Il n'empeche, cela renforce ma confiance.

Meme l'infirmiere toulousaine se montre tres encourageante lorsqu'elle est confrontee a mon visage decompose alors que j'apprends qu'il me faut subir 2 prises de sang dans l'heure a venir. A force de plaisanteries et de sourires, elle parvient a me garder captif et a m'envoyer de mon plein gre a l'abattoir. Ainsi, on comprendra aisement qu'en sortant du laboratoire d'analyse, ayant finalement survecu a 7 vaccinations, 2 seances de dentiste et 3 prises de sang, je me sens pret a affronter tous les dangers du monde. Je suis un modele de dopage, et il me faudra eviter les controles lors de mon passage a Pekin.

Pour completer ces volets psychologiques et physiques de ma preparation, j'ai dernierement parcouru un maximum d'ouvrages traitant de voyages en Asie: Chambres d'Asie (benjamin Desay), Visions d'Orient (Albert Londres), Khiva (Frederick G. Burnaby), Benares-Kyoto (Olivier Germain-Thomas), Fantomes d'Orient (Pierre loti) et l'usage du monde (Nicolas bouvier). Ce chemin vers l'est est une veritable autoroute! J'ai egalement decouvert cette etonnante histoire ( APRES avoir planifie mon voyage) d'un ingenieur en mecanique qui, a l'age de 26 ans, decide de plaquer son boulot londonien et part avec sa femme explorer l'Asie. Ils atteindront l'Australie quelques mois plus tard et, sans un sou, et y creeront une petite societe d'editions: Lonely Planet pour ceux qui connaissent :P Coincidence qui m'a fait sourire. Oui maman je compte bien revenir d'ici un an!

Vous pensez maintenant que je suis tout a fait pret au depart? C'est mal me connaitre! J'appartiens a la categorie de personnes qui s'y mettent au dernier moment et terminent la veille de l'echeance apres avoir travaille toute la nuit. Ce voyage ne fera pas exception: je selectionne les dernieres donnees numeriques a emporter et boucle mon sac a 2h du matin. Demain c'est promis, je pars en vacances!

FLORENCE, Italie, 11-15 Janvier

11/01

Maman me tire d’un sommeil neutre et profond. “Alors Indiana Jones, c’est le moment de partir...” A Toulouse, nous passons prendre les resultats d’analyses: je suis O+, donneur universel. Et moi qui ai horreur des prises de sang... Ma conscience en prend un coup.

A la gare routiere, Aurelien et Ana sont venus me dire au revoir. Quand le bus s’eloigne, je les vois distinctement aux cotes de mes parents, leurs regards tristes sont figes dans ma direction. Moi, j'ai peur, tres peur. J’ai mis du coeur a l’ouvrage pour preparer ce voyage et cela a occupe 100% de ma memoire vive. Et voici que les doutes arrivent! C’est facile de decider d’aller sauter du plongeoir le plus eleve de la piscine, mais lorsqu’on s’avance sur la planche, on prend conscience de la hauteur...un violent duel a lieu jusqu’a Narbonne entre mon coeur emballe et mon cerveau defaitiste. Ce ciel gris ne m’aide decidement pas, mais j’arrive finalement a controler tout ce petit monde a hauteur de Montpellier: le cote obscur n’a pas gagne cette fois ci.

12/01

marche

De la place ou je suis assis dans la station de bus de Florence, je peux lire 8 signes “ vietato fumare”. En mettraient-ils autant si les italiens les respectaient? Je retrouve Marta a 9h30, Plaza de la Unita. C’est une cousine eloignee, et nous calculons que notre derniere rencontre remonte a... 20 ans! Ce voyage est donc une excellente opportunite de la revoir, et je ne me sens pas depayse puisqu’elle parle parfaitement francais. Je deguste mon premier cafe italien de l’annee a son appartement, court et corse bien sur! Elle me presente Florence sous la pluie: Santa maria et son celebre dome, le baptistere...Nous retrouvons Sara et Francesco a l’Edison Bookshop, Plaza de la Republica. Tous 3 ont prevu de passer l’apres-midi en cuisine afin de preparer la soiree anniversaire qui aura lieu le soir meme. Hmm, j’arrive a point il me semble! Francesco est un joyeux luron: sourire aux levres et larges pattes brunes sur chaque joue. Au “Mercato Centrale”, ils selectionnent les ingredients necessaires. Ils ont planifie de la cuisine... asiatique! Il pleut des cordes et le bruit est amplifie par la structure metallique de ce marche. Mon role se limite a la recherche des litchees. Francesco me paye un panini au gorgonzola et au jambon: un delice! Nous partons ensuite vers chez lui en zigzaguant entre gouttes et touristes.

Plus tard dans l’apres-midi, je m’en vais voir ce fameux Ponte Vecchio puis retrouve mon chemin vers l’appartement a travers de petites rues calmes. J’essaye de me rendre utile en cuisine alors que Francesco a une discussion agitee avec sa grand-mere au sujet d’un blouson. En fait, tout italien qu’ils sont, ils s’amusent a se disputer! Lorsqu’elle me voit, elle s’arrete net et m’adresse un grand sourire: “qu’il est beau!” “Je suis Francais” “A-t-il une petite amie?” “Non.” “Quel dommage!”

Nous apportons tous les plats chez Yague qui a amenage son coin de vie dans la cave d’un immeuble florentin. Mise a part l’absence de fenetre, c’est tres confortable! Beaucoup de gens sont deja presents et je suis tout de suite pris en charge. Je n’ai pas encore termine de saluer les personnes presentes que j’ai deja un verre dans chaque main: une biere et un shot rhum-poire. Je retrouve Diana, la soeur de Marta, et leur colloc Lidia. On me fait goutter a toutes les boissons presentes: la grappa bien entendu, puis un cocktail, puis un vin mousseux local...A la fin de la soiree je suis plutot joyeux! Et je crois avoir discute avec tout le monde. Evidemment les couples Sarkozy-Bruni et Zidane-Materazi ont fini par arriver dans la conversation; nous en avons ri et je suis reparti.

13/01

toscane

Depart pour le village de Carmignano par le bus de midi. Les parents de Marta et Diana y habitent une maison perchee tout en haut d’une colline, d’ou l’on peut contempler toute la vallee. Pour y arriver, nous franchissons un chemin rocailleux avec une pente a 25%. Autant dire qu’ils ne sont pas deranges par les voitures. Apres un joyeux repas aux cotes de Elena, Carlo, Marco et Marta, nous partons nous promener aux alentours pour digerer. On peut apercevoir les domes de Florence et de Prato au loin, les deux plus grandes villes de Toscane.

Prato justement, nous nous y rendons en fin d’apres-midi: Marta souhaite s’acheter un nouveau blouson car celui qu’elle porte a fete ses dix ans. Elle en choisit un identique au precedent, et je l’encourage a maintenir ce rythme d’achat, tres econome et ‘developpement durable’. Nous la laissons a la gare car elle doit reprendre le travail demain, elle!

14/01

Je me leve a 9h30 et commence la journee par un cappucino. J’explore l’eglise et la superette du village avec Marco, puis Elena m’emmene voir l’une des villas de la famille Medicis sur une colline voisine, a Artimino. La table du dejeuner est pleine de charcuteries, de pains aux olives et de salades; j’adore! Je rentre sur Florence en fin d’apres-midi au milieu des embouteillages. Ils sont legendaires ici, et c'est justifie. Pas de voies de bus ni de cyclistes a l’horizon; seulement des voitures et de la pluie. Marta travaille dans un batiment de banlieue pour un createur d’accessoires de mode . la collection 2007 est en vitrine. De la, elle m’emmene dans un bar branche a l’ambiance lumineuse tres verte. Sur son conseil, je goutte au Negroni (Martini + Gin + Campari). On pouvait ensuite nous apercevoir dans un restaurant indien avec Diana puis dans un pub irlandais avec Lidia. Soiree tres internationale donc.

15/01

Le lendemain matin, je rassemble mes affaires dans l’appartement de mes cousines. Un magnet sur le frigo retient mon attention: “Quanto manca al traguardo? Continua e non pensarci.”. Message recu: je me dirige vers la gare routiere avec mon gros sac sur le dos. Je laisse cette ville dans le meme etat que je l’ai trouvee: sous la pluie. Je n’aurais pas ete tres chanceux avec la meteo. L’accueil de tous, en revanche, a ete formidable.

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BUDAPEST, HONGRIE, 16-18 Janvier

16/01

Budapest dans le brouillard

Le bus Eurolines est plus moderne que celui que j'ai pris en France: ceinture passager, tablettes...je suis dans un avion ou quoi? Le chinois derriere moi mache bruyamment et rote. J’essaye de nouer conversation avec lui a la pause mais il ne parle pas anglais, tant pis. Le bus se remplit au fur et a mesure du trajet. A Padova, des noirs nous attendent a la sortie du bus pour essayer de nous refourguer des bracelets et des montres en or. Je fais comprendre a l’un d’entre eux que, meme si il me les donnait, je ne les prendrais pas car le poids de mon sac est optimise au gramme pres. Je ne suis pas sur qu’il ait compris, mais en tout cas il s’en va. Je discute ensuite avec un albanais qui part rendre visite a sa copine. C’est le premier albanais que je rencontre dans ma vie! Il a de grands cheveux bruns et un regard intelligent. Il est tres bien habille. Nous nous separons a notre arrivee a Budapest, a 6h du matin.

Je prends alors en chasse quelques autres Backpackers qui debarquent eux aussi dans cette ville. Je n’ai rien a perdre puisque je n’ai ni reservation d’hotel ni plan de la ville. Il y a un jeune argentin voyageant en solo et 2 etudiantes qui font un tour d’Europe. Je suis naturellement tente de descendre dans la meme auberge de jeunesse que les filles, mais l’une d’elles est vraisemblablement de mauvaise humeur et m’adresse des regards noirs. Dans ce cas la, on n’insiste pas: je fais equipe avec Agustin et nous partons prendre un cafe en attendant que l’hostel ouvre ses portes. Il est originaire de la banlieue de Buenos Aires et pour occuper ses grandes vacances, il travaille dans un hotel de Bournemouth. Cette semaine, il profite de quelques jours de conges pour decouvrir Rome, Florence et Munich. Au Ginkgo hostel, nous sommes les seuls clients. La proprietaire nous explique tres gentiment les lieux interessants a visiter ainsi que les restaurants et bars qui valent le detour. C’est la basse saison touristique: elle nous laisse une paire de cles et rentre chez elle. Ainsi pour 10 euros chacun nous disposons d’un appartement d’environ 200 m2 en plein centre de Budapest. Nous partons explorer cette ville inconnue pleins d’enthousiasme. Elle donne une impression de tristesse ambiante puisque les facades sont austeres, les rues sont boueuses, les voitures sont sales...Apres un temps notre retine s’ajuste et on n’y prete plus attention. Il y a de beaux immeubles en quantite, simplement ils n’ont pas ete repeints depuis plusieurs decennies. J’essaye d’imaginer a quoi cela ressemblerait si les B42 americains, au lieu de lacher des bombes sur l’Irak, avaient largue des pots de peinture sur cette ville.

Nous remontons le long du Danube avant de l’enjamber puis nous gagnons les remparts de la citadelle. Budapest est en fait ne de la reunion des communes de Buda sur la rive gauche et de Pest sur la rive droite. Le chateau surveille la ville. De la ou nous sommes nous pouvons apercevoir de nombreux monuments. Pour le dejeuner nous choisissons une petite cafeteria de quartier. Le cuisto, me voyant sortir mon Nikon, vient me trouver avec un grand sourire. “Ah! D80, very good camera! I have a D200...I wish you a good meal”.

Nous passons voir le parlement hongrois, qui n’a rien a envier a son homologue londonien, puis c’est le moment culturel de la journee: visite du Terror museum qui revient sur le passe nazi et communiste du pays. Il se trouve au 60 rue Andrassy, dans le batiment qui abrita successivement le QG du parti nazi puis les organisations terroristes communistes AVO et AVH. Des photos de victimes sont presentes le long des murs exterieurs du musee.

Le soir, il pleut a nouveau. On ne se decourage pas pour autant et sortons vider des bieres au Szimpla bar. Il est amenage dans la cour d’un ancien immeuble residentiel. Ambiance a cheval entre entrepots et salles de concert: ce lieu a decidement de la personnalite. Il existait auparavant plusieurs bars de ce genre dans le quartier, mais ils ont ferme au fur et a mesure que les batiments etaient renoves. Le Szimpla bar, lui, a achete l’immeuble.

17/01

bains publics

Au bureau Eurolines, on m’apprend que la seule possibilite de rejoindre Bucarest est de faire une etape a Vienne. Certes je connais l’expression reculer pour mieux sauter, mais la ils y vont un peu fort! Tant pis, je prendrai le train. Agustin prend son billet pour Munich, depart le soir meme.

Nous flanons dans quelques rues commercantes et allons en metro jusqu’au parc Varosliget pour essayer les fameux bains publics Szechenyi. Il s’agit d'un ensemble de bains chauds et froids, interieurs et exterieurs. Je dois dire que c’est plutot agreable de se prelasser dans de l’eau a 38 degres lorsque, juste au dessus de nos tetes, la temperature ambiante est juste au dessus de 0 degre. La difference de temperature genere de la vapeur d’eau en quantite, et nous ne distinguons rien a plus de 3 metres. Je recommande aussi le sauna a l’interieur, moins exotique mais toujours aussi agreable.

Pour me remplir l’estomac je me paye un Napi Menu a 750 Forints (3 Euros). Il consiste en une soupe a l’oignon accompagne d’un plat de riz et viande. En fin d’apres-midi nous allons decouvrir les monuments manquants sur notre “touristic chek list”, du cote Pest: la Bazilika, l’Operahaz, Andrassy Ut...

J’ai rendez-vous a 19h30 a la station moszkva ter. J’ai beaucoup de chance car Ana, ma correspondante pour l’Europe de l’Est :P, m’a trouve des contacts a Budapest et Bucarest. C’est donc par l’intermediaire d’une amie roumaine rencontree a Toulouse, qui a elle meme rencontre une hongroise lors de ses vacances a Madrid, que je suis loge ce soir a Budapest. Une sombre histoire europeenne en fin de compte. Elle vit dans un petit T2 de Buda avec deux autres hongroises. Sur la facade de l'immeuble, on peut encore voir les impacts de balles de la seconde guerre mondiale. Il y a pas mal de bazar chez elles puisque j’ai du mal a trouver une place ou poser mon sac. Lilla a termine ses etudes de sociologie et travaille depuis 6 mois pour le cabinet du premier ministre, la classe! Son groupe s’occupe des sondages et statistiques aupres de la population.

18/01

Je prends des photos depuis la colline de Buda. Il pleut legerement et la brume enveloppe la ville. Les contours du Parlement, de l’autre cote de la riviere, sont flous. Lorsque Lilla rentre du travail, je la motive pour une petite seance de natation, en exterieur bien sur. Dans le bassin de Komjadi, nous nageons a cote d’une equipe de Waterpolo. La lune est au dessus de moi, l’air est tres froid. Le plus dur etant de devoir sortir dehors en maillot de bain lorsqu’il fait presque 0. les locaux ont prevu peignoirs et tongs; je n’ai pas cette chance!

Apres cela, on devore quelques pancakes bien merites, et nous allons rejoindre sa colloc et quelques amis dans un pub du centre ville. A 22h30, je me leve de ma chaise et leur dis au revoir. Je rejoins la gare en metro, passe prendre mon sac a la consigne et me voici en route vers un nouveau pays, et de nouvelles aventures j’espere!

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BUCAREST, ROUMANIE, 19-23 Janvier

19/01

train

Le hasard fait bien les choses une fois de plus: je trouve dans mon compartiment une roumaine parlant parfaitement anglais. A vrai dire elle comprend egalement le francais, l’italien et l’espagnol alors meme que c’est son premier voyage a l’etranger. Une preuve de plus que les roumains sont d’excellents etudiants en langues. D’ailleurs les controleurs du train s’adressent a moi en francais, ca fait plaisir! Dans ces conditions, je me sens oblige de lui demander une lecon de roumain! Je note les phrases de base sur mon carnet. C’est une langue assez proche de l’italien. On discute une partie de la nuit, et au petit matin, elle me laisse son numero: c’est gagne :P. Elle travaille a Bucarest mais rentre de Zagreb ou elle a passe un entretien d’embauche. Elle a ete acceptee, dans quelques mois elle sera donc photographe sur un paquebot de croisiere americain! D’ailleurs, elle revait de quitter la Roumanie et essaye de me decourager au sujet de Bucarest: les gens ne sont pas aimables, agressifs meme, la circulation est horrible, la ville est triste et ennuyeuse. Tant pis, j’y passe quand meme!

Je trouve Alex devant le McDo comme prevu. Il est etudiant en urbanisme et a toujours le sourire: je crois que l’on va bien s’entendre! On monte dans un trolley bus pour rejoindre son appartement de banlieue. A Bucarest, pas de maisons puisque c’etait interdit pendant la periode communiste, il n’y a donc que des immeubles populaires. Nous collectons les ingredients necessaires a notre diner italien dans le supermarche Billa juste devant chez lui. Je me fais une idee des prix roumains: 2 leis pour une petite laitue, 2 leis le kilo de carotte, 3 leis le kilo de golden. Un litre d’essence se paye 3.7 leis et un paquet de cigarettes 5 leis (1 euro = 3.7 leis). Une fois n’est pas coutume, je m’improvise cuisinier et cela donne un bon plat de pates.

20/01

bains publics

C'est dimanche: on se leve donc apres midi. Alex me fait visiter le centre ville en commentant tous les batiments. C’est l’hote ideal car, etant etudiant en urbanisme et tres cultive, il m’apprend beaucoup de choses. Nous passons l’universite, l’academie militaire inspiree de l’opera Garnier, les eglises orthodoxes aux formes etranges, le quartier des banques entierement renove: c’est la que se trouve l’argent vraisemblablement! Petit saut au musee pour voir le tresor national puis nous marchons vers l’imposante avenue que Ceaucescu a fait construire. Elle a des proportions ridiculement gigantesques. Il a souhaite montrer au monde une fausse grandeur, puisque juste derriere les facades d’immeubles de 10 etages, on ne trouve que de petites constructions basses...on se pose dans l’un des plus vieux restaurants de la ville: le caru’ cu bere. Il est entierement renove, et les decors exterieurs et interieurs sont magnifiques. De plus les prix restent tres abordables, surtout pour un Francais! On nous indique une petite table en Mezzanine; nous sommes entoures de boiseries et de vitraux. Je goute ma premiere Ciorba (soupe roumaine) et suis un protocole qui s’apparente a celui de la tekila paf: on trempe un quartier d’oignon dans le sel, on croque et on avale une cuillere de soupe par dessus. C’est bon!

Je profite du diner pour interroger Alex. La plupart des jeunes doivent travailler pour financer leurs etudes. Lui est employe dans un cabinet d’architecture depuis sa seconde annee. Ne pouvant plus mener de front 8h de travail par jour et des etudes d’urbanisme (les nuits sont tres courtes dans ce cas la!), il est passe a mi-temps. Son anglais est parfait et il comprend un peu le francais. Il m’avoue que la plupart de ses collegues ne sont pas aussi interesses que lui par l’international. Beaucoup trouvent un emploi avant la fin de leurs etudes et n’osent donc pas le quitter pour tenter leur chance a l’etranger. Je mesure le merite de ces roumains; quel etudiant paresseux j’ai ete!

La France fait beaucoup de business par ici, et cela saute aux yeux lorsqu’on se promene dans les rues: renault, peugeot, carrefour, orange, lacoste, danone, sodexho, lafarge, societe generale, j’ai meme vu une enseigne royal canin. Vous avez peut etre apercu quelques renault logan sur les routes de France...et bien j’ai trouve leur pays! Il n’y a que ca ici: la police roule en logan, les taxis sont des logans, un roumain sur dix s’est achete une logan. Je n’ai pas vu d’ambulances mais je suis sur qu’ils utilisent des breaks logan. Alex me raconte que lorsque Dacia Renault a lance le modele, les gens etaient fous: ils foncaient a la banque pour boucler un emprunt et commander la leur. Un beau succes commercial.

21/01

village museum

Aujourd’hui je vais me promener tout seul comme un grand. Il faut dire que Alex m’a bien briefe et a schematise un parcours touristique sur une feuille blanche. C’est si bien fait qu’a aucun moment de la journee je me suis senti perdu, et je reconnais au fur et a mesure les batiments qu’il m’a decrit oralement. Au museum Village, je suis le seul visiteur en ce jour de janvier. Les maisons traditionnelles sont recouvertes de neige. Je marche ensuite le long d’un immense boulevard, tres nombreux dans cette ville. Je passe devant l’arc de triomphe, en renovation. Hmm...ils ont le meme que nous! J’atteins ensuite le quartier des ambassades reconnaissable aux policiers en faction devant d’imposants portails, puis je remonte Victoria Street. La circulation est effectivement problematique puisque, bien qu’etant un pieton tres distrait qui s’arrete sans cesse prendre des photos, je progresse aussi vite que les voitures. Marcher requiert beaucoup d’attention et de concentration car le sol n’est que neige, flaques, ou mixture intermediaire. De plus, la neige accumulee sur les toits fond petit a petit ce qui engendre un egouttement permanent au dessus des trottoirs. J’ai meme ete surpris par des blocs de glace qui sont delivres bruyamment sur le trottoir par les gouttieres; ils arrivent sous forme de cylindres et si l’on y prete attention, on en voit par terre a intervalles reguliers.

Nouvelle visite au caru’ cu bere (je me sens deja comme un habitue) ou j’essaye un autre modele de Ciorba puis Tortilla sandwich dans le fast food local. Je connais suffisamment de mots pour passer commande, j’en suis tres fier :D.

22/01

Alex a travaille toute la nuit et est parti rendre son projet. Je vais retrouver Ioana qui a une apres-midi de libre pour me servir de guide: c’est gentil! Elle me presente son universite de geographie. L’unique ascenseur est reserve aux professeurs. Elle aussi cumule un travail a plein temps en plus de ses etudes, dans l’un des nombreux casinos de la ville. On se ballade ensuite dans un grand parc du centre ville. Les lacs sont geles et une patinoire a ete amenagee sur le plus etendu. Pour le diner elle m’emmene chez “la mama”. C’est une chaine de restaurant roumain et je commande une “sarmalute cu mamaliguta. La partie “sarmalute” correspond a de la viande de porc hachee et enveloppee dans des feuilles de choux, la partie “mamaliguta” s’apparente a la polenta italienne. Je lui souhaite bonne chance pour sa future croisiere et file vers mon appartement de banlieue.

23/01

Alex prend soin de moi jusqu’a la fin: il prepare un copieux brunch avec la nourriture que sa maman lui a fait parvenir hier (les mamans sont decidement toutes les memes!). Mon estomac est plein, je suis pret pour le depart. Il me photographie devant le wagon lit: on peut y lire ma destination: Istanbul. Il pleut. C’est un nouvel au revoir qui m’attriste, mais je suis persuade que l’on se reverra. Alors, en route, vers la porte de l'Asie.

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